La monarchie : politique ou despotique
Le terme de ‘monarchie’ n’est pas univoque. Aujourd’hui ce terme, à connotation négative, évoque plutôt la monarchie absolue, au pouvoir discrétionnaire, à moins qu’il ne s’agisse d’une démocratie couronnée, comme c’est le cas aujourd’hui.
Saint Thomas distingue monarchie despotique et monarchie politique. Il va sans dire que c’est cette dernière qui représente pour lui l’idéal monarchique.
Mais on aurait tort de croire que la qualification de ‘despotique’ s’appliquerait indistinctement à toute monarchie dite ‘absolue’. En France, « l’absolutisme royal n’était essentiellement que l’indépendance par rapport aux divers intérêts, aux diverses factions, aux diverses élites et aristocraties d’un même pays (la terre, la mer, l’industrie, le commerce, l’armée, etc…) d’un organe vraiment autonome de l’intérêt national. » (J.-L. Lagore, La philosophie politique de Saint Thomas, p.56)
Saint Thomas distingue monarchie despotique et monarchie politique. Il va sans dire que c’est cette dernière qui représente pour lui l’idéal monarchique.
« Quand un homme domine purement et simplement et pour tout, le régime est dit royal. Quand au contraire il domine en partie et selon la raison de cette science politique, c’est-à-dire selon les lois posées conformément à la science politique, le régime est dit politique ; il gouverne en partie quant à ce qui est soumis à son pouvoir ; et en partie il est sujet, du fait qu’il est soumis à la loi. » (Saint Thomas, Politica, I ,lectio 1, n15).Saint Thomas établit une analogie entre la psychologie humaine et le gouvernement monarchique, et explique l’un par l’autre.
« Dans l’homme considéré comme animal nous pouvons distinguer un double pouvoir en ses facultés : à savoir un gouvernement despotique par lequel un maître domine ses esclaves, et un pouvoir politique par lequel celui qui régit la Cité gouverne des hommes libres. Dans l’homme en effet l’âme domine le corps selon un pouvoir despotique comme un maître domine son esclave, sans qu’il puisse lui résister, car l’esclave est une chose de son maître, comme on l’a dit ; et c’est ce que nous voyons des les membres du corps, à savoir les mains et les pieds, lesquels sans opposition s’appliquent à leur tâche sous l’autorité de l’âme. Nous voyons aussi que l’intellect ou la raison dominent les appétits, mais ils les dominent comme par une autorité politique et royale qui est sur des hommes libres, ce qui admet la contradiction : de même il se trouve parfois que les appétits ne suivent pas la raison. » (Politica, I, lectio 3, n64).Nous retrouvons cette même comparaison en psychologie (Summa Theologica I, 81, a3, ad2) et en théologie morale (Summa Theologica I-II, 9, a2, ad3 ; 17, a7). Ceci montre bien que pour saint Thomas la véritable monarchie est politique, non pas despotique, laquelle serait plutôt une tyrannie.
Mais on aurait tort de croire que la qualification de ‘despotique’ s’appliquerait indistinctement à toute monarchie dite ‘absolue’. En France, « l’absolutisme royal n’était essentiellement que l’indépendance par rapport aux divers intérêts, aux diverses factions, aux diverses élites et aristocraties d’un même pays (la terre, la mer, l’industrie, le commerce, l’armée, etc…) d’un organe vraiment autonome de l’intérêt national. » (J.-L. Lagore, La philosophie politique de Saint Thomas, p.56)