L’exemplarisme dans la doctrine spirituelle de Hadewijch d’Anvers 1)
Lire notre présentation de Hadewijch d'Anvers...
La doctrine spirituelle de Hadewijch est fondée sur l’exemplarisme, il importe dès lors d’en avoir quelque notion.
Les néo-platoniciens tiennent que les choses ne sont rien d’autre que des manifestations extérieures de l’Un dont ils émanent de manière nécessaire, de sorte que l’univers n’est qu’une théophanie, une manifestation de Dieu. Ces êtres émanés de l’Un y font retour pour être finalement absorbés dans l’Unité divine.
À l’inverse, les théologiens chrétiens tiennent que les choses qui procèdent de Dieu ont un être radicalement distinct et en proviennent par une création libre et gratuite [1]. Tandis que les êtres irrationnels imitent Dieu par la succession perpétuelle de leur génération, les êtres rationnels font librement retour à lui pour s’intégrer dans la béatitude qu’il leur communique, tout en gardant leur être et leur personnalité propre. Les chrétiens distinguent en outre la participation naturelle des créatures, et la participation surnaturelle dans l’ordre de la grâce et de l’économie du Salut par le Christ.
Dieu étant l’artisan de l’univers, son intellect contient les idées exemplaires de tous les êtres. Chaque créature a donc dans l’intelligence divine comme une existence éternelle. Dans la doctrine sacrée, cet exemplarisme est fondé, non sur la philosophie, mais sur l’Écriture Sainte. Le Verbe étant l’expression de la science divine, tout a été créé par lui : « Tout par lui a été fait, et sans lui rien n'a été fait. » (Jn 1,3) Le Christ est le principe exemplaire de toute la création : « C'est en lui que toutes choses ont été créées, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre, les choses visibles et les choses invisibles, Trônes, Dominations, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui. Il est, lui, avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. » (Col 1, 16-18)
« Si donc on appelle simple la nature divine, c’est qu’en elle la qualité n’est autre chose que la substance, en sorte que sa divinité, sa béatitude et sa sagesse ne sont point différentes d’elle-même. […] Il n’y a pas, en effet, plusieurs sagesses, mais une seule, en qui se trouvent ces trésors immenses et infinis où sont les raisons invisibles et immuables de toutes les choses muables et visibles qu’elle a créées. »
« En effet les idées sont certaines formes principales, […] lesquelles n'ont point été formées, […] contenues dans l'intelligence divine : […] c'est sur elles qu'est formé tout ce qui peut naître et mourir. » [2]
Directement ou non Hadewijch a certainement puisé dans les œuvres de Denys l’Aréopagite.
« Car, en appelant les êtres à sa participation et en laissant déborder sur eux le torrent de ses bienfaits, la divinité devient chose séparable, multiple, nombreuse en ses œuvres, sans qu'elle-même ne se divise, perde sa simplicité, sorte de son unité. Ainsi, parce que, du sein de son unité adorable, Dieu distribue les existences et crée tous les êtres, on dit que cette sublime unité se multiplie en ces êtres divers qu'elle produit ; et néanmoins, à travers la multiplicité, la production, la distinction de toutes choses, il reste identique, inaltérable, indivisible, parce qu'il est éminemment supérieur à tout ; qu'il exerce sa fécondité sans fractionner sa substance, et qu'il répand ses dons sans que son trésor ne s'appauvrisse. De même quand il communique l'unité à chaque partie et totalité, à chaque individualité et multitude, il garde essentiellement son unité immuable, non point comme partie d'un tout ni comme un tout composé de parties. Ce n'est pas ainsi, certes, qu'il est un, qu'il participe à l'unité, qu'il possède l’unité ; mais il est l'unité transcendante, l'unité radicale des êtres ; il est totalité indivisible, plénitude incommensurable ; il crée, perfectionne et embrasse toute unité et multitude. Enfin, lorsque, par la grâce divine, les créatures, selon leur capacité respective, se transforment en dieux, il semble - et l'on dit effectivement - qu'il y a pluralité de dieux divers ; et toutefois le Dieu principe et supérieur reste essentiellement seul, uni à lui-même, indivisé dans les choses divisibles, pur de tout mélange et constamment simple dans les choses multiples. »
« Or, nous nommons types ou exemplaires les raisons créatrices des choses, et qui préexistent dans la simplicité de l'essence divine. L'Écriture les appelle prédestinations, saintes et bonnes volontés, qui constituent et réalisent les êtres, et selon lesquelles la souveraine puissance détermine et produit tout ce qui est. […] Toutes choses doivent être attribuées à Dieu, sans altération de sa simplicité ineffable. Car il communique d'abord l'existence, premier don de sa bonté créatrice ; puis il pénètre toutes choses et les remplit des richesses de l'être, et il se réjouit dans ses œuvres. Mais tout préexistait en lui dans le mystère d'une simplicité transcendante qui exclut toute qualité ; et tout est également contenu dans le sein de son immensité indivisible, et tout participe à son unité féconde, comme une seule et même voix peut frapper en même temps plusieurs oreilles. L'Éternel est donc le principe et la fin de tous les êtres : leur principe, parce qu'il les a créés ; leur fin, parce qu'ils sont faits pour lui. Il est le terme de tout et la raison infinie de tout ce qui est indéfini et fini, créateur des effets les plus divers. Car, dans son unité, comme il a été souvent dit, il possède et produit tous les êtres ; présent à tout et partout, sans division de son unité et sans altération de son identité ; s'inclinant vers les créatures sans sortir de lui-même ; toujours en repos et en mouvement, ou mieux encore, n'ayant ni repos, ni mouvement, ni principe, ni milieu, ni fin, n'existant en aucun des êtres et n'étant rien de ce qui est. » [3]
Le retour à Dieu est énoncé dans la Hiérarchie Ecclésiastique : « Notre salut n’est possible que par notre déification. Et nous déifier, c’est ressembler à Dieu et nous unir à lui autant que nous pouvons. Le terme commun de toute hiérarchie consiste donc dans cet amour continu de Dieu et des mystères divins que produit saintement en nous la présence unifiante de Dieu lui-même. »
« Nous avons saintement exposé que l’objet propre de notre hiérarchie est de nous assimiler, de nous unir autant que nous le pouvons à Dieu. »
« Si nous sommes de toute manière à l’image de Dieu, appartenons à nous-mêmes et à Dieu, ou plutôt tout entiers à Dieu seul et tout entier, en ne portant en nous-mêmes rien de terrestre, afin d’approcher Dieu et de devenir des dieux, recevant de Dieu d’être dieux. C’est ainsi que sont honorés les dons divins et qu’est accueilli avec amour l’avènement de la paix et de Dieu. L’amour est un grand bien, le premier des biens, un bien extraordinaire, car il unit par lui-même, en celui qui l’a, Dieu et les hommes, et il prépare la voie sur laquelle le Créateur des hommes s’est manifesté comme un homme, pour que dans le bien, autant qu’il est possible à l’homme, le déifié ressemble à Dieu. Je pense que mettre en œuvre cette ressemblance, c’est aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force, et son prochain comme soi-même. » [4]
L’exemplarisme des Pères fut repris à l’époque carolingienne principalement par Scot Erigène (+873), qui expose l’ordre hiérarchique de l’univers en traitant de Dieu, des Idées divines, des créatures et de leur retour à Dieu.
Les Pères et les scolastiques divergent quant au mode d’explication métaphysique de cette doctrine commune. Les Pères et les théologiens monastiques tiennent plutôt de la métaphysique de l’Un et de l’essence : l’Unité est la perfection divine fondamentale à laquelle participent les créatures. Les scolastiques, en particulier saint Thomas d’Aquin, tiennent de la métaphysique de l’être et de l’existence : Dieu est fondamentalement ipsum esse subsistens, et c’est par leur participation à l’être que les créatures participent de la divinité et de ses perfections.
« Et maintenez votre cœur au-dessus de toute chose qui est moins que Dieu même, si vous voulez devenir ce à quoi il vous destine : il veut pour vous la paix parfaite dans l’intégrité de votre nature. Si vous voulez rejoindre l’être dans lequel Dieu vous a créée… » (Lettre 6)
L’exemplarisme de Hadewijch est aussi ‘dynamique’, c'est-à-dire qu’elle considère le mouvement de l’âme vers Dieu et vers son exemplaire. Pour plus de clarté nous distinguons l’exemplarisme par rapport à l’unité divine et par rapport à la Trinité, mais en fait les deux se compénètrent.
Lire la suite de cette étude : L’exemplarisme de Hadewijch par rapport à l’unité divine...
[1] Cf. Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologica I 44 & 45.
[2] Secundum hoc ergo dicuntur illa simplicia, quae principaliter vereque divina sunt, non quod aliud est in eis qualitas, aliud substantia, nec aliorum participatione vel divina vel sapientia vel beata sunt. [...] Neque enim multae, sed una sapientia est, in qua sunt infiniti quidam eique finiti thesauri rerum intelligibilium, in quibus sunt omnes invisibiles atque incommutabiles rationes rerum etiam visibilium et mutabilium, quae per ipsam factae sunt. Saint Augustin, De Civitate Dei 11, 10, 3.
Sunt namque ideae principales formae quaedam [...] quae ipsae formatae non sunt [...] quae in divina intelligentia continentur [...] et secundum eas [...] formari dicitur omne quod oriri et interire potest. » Saint Augustin, Lib.quaest.LXXXIII, q 46.
[3] Denys l'Aréopagite, De divinis nominibus 2 §11 et 5 §9-10.
[4] Maxime le Confesseur, Centuriae super theologiam 3, 28-29. Le mot “théologie” signifie ici “contemplation”.
Notion générale
Une vérité commune de la philosophie ancienne d’inspiration platonicienne et de la théologie chrétienne est que le premier principe de toutes choses, souverainement et absolument un et simple, identifie en lui-même toutes les perfections des choses qui émanent de lui. Cette perfection une et infinie se diffuse et se diversifie dans les êtres qui en procèdent et qui participent ainsi à son unique perfection par des ‘imitations’ partielles et multiples. En se perfectionnant et en s’unifiant par imitation de l’unique principe, ces êtres font retour à leur origine : c’est le thème de l’exitus-reditus, ‘sortie-retour’.Les néo-platoniciens tiennent que les choses ne sont rien d’autre que des manifestations extérieures de l’Un dont ils émanent de manière nécessaire, de sorte que l’univers n’est qu’une théophanie, une manifestation de Dieu. Ces êtres émanés de l’Un y font retour pour être finalement absorbés dans l’Unité divine.
À l’inverse, les théologiens chrétiens tiennent que les choses qui procèdent de Dieu ont un être radicalement distinct et en proviennent par une création libre et gratuite [1]. Tandis que les êtres irrationnels imitent Dieu par la succession perpétuelle de leur génération, les êtres rationnels font librement retour à lui pour s’intégrer dans la béatitude qu’il leur communique, tout en gardant leur être et leur personnalité propre. Les chrétiens distinguent en outre la participation naturelle des créatures, et la participation surnaturelle dans l’ordre de la grâce et de l’économie du Salut par le Christ.
Dieu étant l’artisan de l’univers, son intellect contient les idées exemplaires de tous les êtres. Chaque créature a donc dans l’intelligence divine comme une existence éternelle. Dans la doctrine sacrée, cet exemplarisme est fondé, non sur la philosophie, mais sur l’Écriture Sainte. Le Verbe étant l’expression de la science divine, tout a été créé par lui : « Tout par lui a été fait, et sans lui rien n'a été fait. » (Jn 1,3) Le Christ est le principe exemplaire de toute la création : « C'est en lui que toutes choses ont été créées, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre, les choses visibles et les choses invisibles, Trônes, Dominations, Principautés, Puissances ; tout a été créé par lui et pour lui. Il est, lui, avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. » (Col 1, 16-18)
Saint Augustin et Denys l’Aréopagite
Quelques citations des Pères de l’Église éclaireront cette doctrine de l’exemplarisme chrétien :« Si donc on appelle simple la nature divine, c’est qu’en elle la qualité n’est autre chose que la substance, en sorte que sa divinité, sa béatitude et sa sagesse ne sont point différentes d’elle-même. […] Il n’y a pas, en effet, plusieurs sagesses, mais une seule, en qui se trouvent ces trésors immenses et infinis où sont les raisons invisibles et immuables de toutes les choses muables et visibles qu’elle a créées. »
« En effet les idées sont certaines formes principales, […] lesquelles n'ont point été formées, […] contenues dans l'intelligence divine : […] c'est sur elles qu'est formé tout ce qui peut naître et mourir. » [2]
Directement ou non Hadewijch a certainement puisé dans les œuvres de Denys l’Aréopagite.
« Car, en appelant les êtres à sa participation et en laissant déborder sur eux le torrent de ses bienfaits, la divinité devient chose séparable, multiple, nombreuse en ses œuvres, sans qu'elle-même ne se divise, perde sa simplicité, sorte de son unité. Ainsi, parce que, du sein de son unité adorable, Dieu distribue les existences et crée tous les êtres, on dit que cette sublime unité se multiplie en ces êtres divers qu'elle produit ; et néanmoins, à travers la multiplicité, la production, la distinction de toutes choses, il reste identique, inaltérable, indivisible, parce qu'il est éminemment supérieur à tout ; qu'il exerce sa fécondité sans fractionner sa substance, et qu'il répand ses dons sans que son trésor ne s'appauvrisse. De même quand il communique l'unité à chaque partie et totalité, à chaque individualité et multitude, il garde essentiellement son unité immuable, non point comme partie d'un tout ni comme un tout composé de parties. Ce n'est pas ainsi, certes, qu'il est un, qu'il participe à l'unité, qu'il possède l’unité ; mais il est l'unité transcendante, l'unité radicale des êtres ; il est totalité indivisible, plénitude incommensurable ; il crée, perfectionne et embrasse toute unité et multitude. Enfin, lorsque, par la grâce divine, les créatures, selon leur capacité respective, se transforment en dieux, il semble - et l'on dit effectivement - qu'il y a pluralité de dieux divers ; et toutefois le Dieu principe et supérieur reste essentiellement seul, uni à lui-même, indivisé dans les choses divisibles, pur de tout mélange et constamment simple dans les choses multiples. »
« Or, nous nommons types ou exemplaires les raisons créatrices des choses, et qui préexistent dans la simplicité de l'essence divine. L'Écriture les appelle prédestinations, saintes et bonnes volontés, qui constituent et réalisent les êtres, et selon lesquelles la souveraine puissance détermine et produit tout ce qui est. […] Toutes choses doivent être attribuées à Dieu, sans altération de sa simplicité ineffable. Car il communique d'abord l'existence, premier don de sa bonté créatrice ; puis il pénètre toutes choses et les remplit des richesses de l'être, et il se réjouit dans ses œuvres. Mais tout préexistait en lui dans le mystère d'une simplicité transcendante qui exclut toute qualité ; et tout est également contenu dans le sein de son immensité indivisible, et tout participe à son unité féconde, comme une seule et même voix peut frapper en même temps plusieurs oreilles. L'Éternel est donc le principe et la fin de tous les êtres : leur principe, parce qu'il les a créés ; leur fin, parce qu'ils sont faits pour lui. Il est le terme de tout et la raison infinie de tout ce qui est indéfini et fini, créateur des effets les plus divers. Car, dans son unité, comme il a été souvent dit, il possède et produit tous les êtres ; présent à tout et partout, sans division de son unité et sans altération de son identité ; s'inclinant vers les créatures sans sortir de lui-même ; toujours en repos et en mouvement, ou mieux encore, n'ayant ni repos, ni mouvement, ni principe, ni milieu, ni fin, n'existant en aucun des êtres et n'étant rien de ce qui est. » [3]
Le retour à Dieu est énoncé dans la Hiérarchie Ecclésiastique : « Notre salut n’est possible que par notre déification. Et nous déifier, c’est ressembler à Dieu et nous unir à lui autant que nous pouvons. Le terme commun de toute hiérarchie consiste donc dans cet amour continu de Dieu et des mystères divins que produit saintement en nous la présence unifiante de Dieu lui-même. »
« Nous avons saintement exposé que l’objet propre de notre hiérarchie est de nous assimiler, de nous unir autant que nous le pouvons à Dieu. »
Maxime le Confesseur et le Moyen-Âge
Citons aussi saint Maxime le Confesseur, dans les Centuries sur la théologie :« Si nous sommes de toute manière à l’image de Dieu, appartenons à nous-mêmes et à Dieu, ou plutôt tout entiers à Dieu seul et tout entier, en ne portant en nous-mêmes rien de terrestre, afin d’approcher Dieu et de devenir des dieux, recevant de Dieu d’être dieux. C’est ainsi que sont honorés les dons divins et qu’est accueilli avec amour l’avènement de la paix et de Dieu. L’amour est un grand bien, le premier des biens, un bien extraordinaire, car il unit par lui-même, en celui qui l’a, Dieu et les hommes, et il prépare la voie sur laquelle le Créateur des hommes s’est manifesté comme un homme, pour que dans le bien, autant qu’il est possible à l’homme, le déifié ressemble à Dieu. Je pense que mettre en œuvre cette ressemblance, c’est aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force, et son prochain comme soi-même. » [4]
L’exemplarisme des Pères fut repris à l’époque carolingienne principalement par Scot Erigène (+873), qui expose l’ordre hiérarchique de l’univers en traitant de Dieu, des Idées divines, des créatures et de leur retour à Dieu.
Les Pères et les scolastiques divergent quant au mode d’explication métaphysique de cette doctrine commune. Les Pères et les théologiens monastiques tiennent plutôt de la métaphysique de l’Un et de l’essence : l’Unité est la perfection divine fondamentale à laquelle participent les créatures. Les scolastiques, en particulier saint Thomas d’Aquin, tiennent de la métaphysique de l’être et de l’existence : Dieu est fondamentalement ipsum esse subsistens, et c’est par leur participation à l’être que les créatures participent de la divinité et de ses perfections.
L’exemplarisme de Hadewijch
Par ses sources Hadewijch se rattache plutôt à la métaphysique de l’Un. L’exemplarisme de Hadewijch se distingue en ce qu’il porte sur les personnes individuelles. Chaque personne humaine ou chaque âme a en Dieu une idée exemplaire qu’elle doit réaliser et atteindre.« Et maintenez votre cœur au-dessus de toute chose qui est moins que Dieu même, si vous voulez devenir ce à quoi il vous destine : il veut pour vous la paix parfaite dans l’intégrité de votre nature. Si vous voulez rejoindre l’être dans lequel Dieu vous a créée… » (Lettre 6)
L’exemplarisme de Hadewijch est aussi ‘dynamique’, c'est-à-dire qu’elle considère le mouvement de l’âme vers Dieu et vers son exemplaire. Pour plus de clarté nous distinguons l’exemplarisme par rapport à l’unité divine et par rapport à la Trinité, mais en fait les deux se compénètrent.
Lire la suite de cette étude : L’exemplarisme de Hadewijch par rapport à l’unité divine...
[1] Cf. Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologica I 44 & 45.
[2] Secundum hoc ergo dicuntur illa simplicia, quae principaliter vereque divina sunt, non quod aliud est in eis qualitas, aliud substantia, nec aliorum participatione vel divina vel sapientia vel beata sunt. [...] Neque enim multae, sed una sapientia est, in qua sunt infiniti quidam eique finiti thesauri rerum intelligibilium, in quibus sunt omnes invisibiles atque incommutabiles rationes rerum etiam visibilium et mutabilium, quae per ipsam factae sunt. Saint Augustin, De Civitate Dei 11, 10, 3.
Sunt namque ideae principales formae quaedam [...] quae ipsae formatae non sunt [...] quae in divina intelligentia continentur [...] et secundum eas [...] formari dicitur omne quod oriri et interire potest. » Saint Augustin, Lib.quaest.LXXXIII, q 46.
[3] Denys l'Aréopagite, De divinis nominibus 2 §11 et 5 §9-10.
[4] Maxime le Confesseur, Centuriae super theologiam 3, 28-29. Le mot “théologie” signifie ici “contemplation”.